A quel moment peut-on considérer qu’il est pertinent de faire le pas de se chauffer au bois et quel matériel choisir ?
1- Pourquoi parle-t-on de poêle bouilleur alors que les autres parlent de pompe à chaleur ?
Je reprends le raisonnement, toujours avec l’angle de l’autonomie :
L’autonomie énergétique est la plupart du temps une question de puissance et non d’énergie… Je m’explique : si vous faites le bilan énergétique d’une maison à l’année, il est largement positif, l’énergie solaire qu’elle reçoit est en moyenne 10 fois supérieure à l’énergie consommée sur les factures de chauffage et d’électricité confondues. Vous êtes donc théoriquement excédentaires mais en pratique vous payez des factures. Cherchez l’erreur !!
Le besoin d’énergie ne se calcule jamais sur un bilan annuel, on ne peut la stocker l’été pour l’utiliser l’hiver, mais sur un besoin journalier voire à l’heure près [C’est quand on a besoin de l’énergie qu’elle a une valeur]. Vous vous retrouvez donc excédentaire en été et déficitaire en hiver, l’excédent est perdu et le déficit est payant.
Quel est votre pouvoir d’action sur le sujet ?
– Être le moins déficitaire possible en hiver [Isolation]
– Résoudre le déficit d’énergie restant avec une source de chaleur la moins chère possible (le bois buche ou granulés que vous achetez) ou gratuite (solaire, bois buche collecté).
Si nous visons l’autonomie, il est nécessaire d’apporter en plus de l’énergie solaire une source sur laquelle nous pouvons agir, le solaire est une source intermittente et imprévisible. Si nous utilisons des capteurs thermiques, le stockage se fait sur de l’eau chaude et peut tenir plus de 72h dans un ballon tampon de qualité.
2- Choix du poêle bouilleur
Au fil des années, nous avons recensé plusieurs critères de choix :
1- La consommation énergétique de la maison
2- La fréquence de chargement et le volume de bois journalier toléré par l’utilisateur
3- La possibilité de poser un conduit de fumées isolé
4- Le passage des liaisons hydrauliques
5- Le volume du ballon tampon
Avec ces différents critères, cela nous permet de définir si un poêle bouilleur à buches est cohérent ou s’il faut une chaudière, si le poêle à granulés bouilleur est une solution de repli, ou encore si le chauffage solaire peut s’imposer davantage ou s’il doit s’utiliser comme un simple chauffe-eau solaire sanitaire pour la maison…
Quel schéma hydraulique pour quelle utilisation ?
1- Le chauffage direct avec production d’eau chaude
La production de chaleur du poêle bouilleur commence par chauffer l’ECS puis se dirige directement dans les radiateurs.
Sans stockage de chaleur, ce système chauffe directement les radiateurs lorsque le poêle est en fonctionnement. Pas d’inertie, pas de régulation. Lorsqu’il n’y a pas de feu dans le poêle, la maison craint le gel.
Ce système, bien que peu recommandé pour les raisons exposées ci-dessus restera la solution la plus accessible dans la rénovation petit budget et pour les habitats de petite taille moyennement isolés. Il permettra de transmettre la chaleur sur deux radiateurs en général dans une salle de bain (sur un sèche serviette mixte eau et électricité) et une chambre ou un bureau éloigné ne pouvant chauffer correctement en ouvrant les portes de la pièce pour transmission de la chaleur par convection naturelle.
Conseils pour cette configuration :
– Plutôt adapté aux petites maisons pour un projet économique, privilégier des poêles bouilleurs de petite puissance sur l’eau (ex: le JULIUS pour les poêles Aezeo)
– Pour un poêle bouilleur à bois buches, dimensionner strictement la puissance des radiateurs avec la puissance du bouilleur (ex: le JULIUS permet de chauffer un ballon de 100l et deux radiateurs environ).
– Tout à fait adapté à un poêle à granulés bouilleur pourvu qu’il ne soit pas imposé un ballon de stockage par le fabricant.
NB : La distribution de chaleur se fera impérativement par des tuyaux en acier, cuivre ou inox.
2- Le chauffage central avec ballon tampon
L’eau chaude, générée par le poêle est stockée dans le ballon. Elle sera restituée à travers les radiateurs, planchers ou murs chauffants au moment le plus opportun (le matin avant le réveil par exemple).
Cette solution fonctionne avec une régulation sur la distribution de chaleur :
1- Régulation climatique : Régulation indexée sur la température extérieure une sonde d’ambiance et une programmation hebdomadaire possible.
2- Régulation thermostatique : Régulation indexée sur la température de départ (eau allant vers les radiateurs). Ne convient pas au plancher chauffant. Prévoir un robinet thermostatique par radiateur. Programmation hebdomadaire incluse.
Le dimensionnement d’un chauffage central par poêle bouilleur se fait en tenant compte des systèmes déjà en place. Chaudière gaz, fioul…
Le dimensionnement du ballon tampon se fait en fonction du poêle bouilleur utilisé
Si vous optez pour un poêle à granulés bouilleur, si un ballon est exigé, se référer aux préconisations du fabricant.
3- Dimensionnement
1- Connaitre la consommation de la maison
– Via votre facture de chauffage existante (si pas de projet de rénovation de l’isolation)
– Une étude de simulation thermique dynamique (STD) : idéal en cas de rénovation globale
– Une étude DPE : peu précis
2- Définir votre tolérance en termes de chargement du bois
– Profil économies maximum : vous êtes prêt à charger le poêle autant qu’il est nécessaire
– Profil confort : compter 1 flambée par jour avec 3 chargements moyens (5 maximum au plus froid de l’hiver)
Combiné à du chauffage solaire :
L’ajout d’un système de production d’énergie solaire de type SSC divise jusqu’à par deux le besoin d’avoir recours au poêle bouilleur.
Pour combiner un poêle bouilleur à du chauffage solaire, il faudra choisir un système de chauffage solaire ayant un volume de ballon supérieur ou égal au volume exigé pour le poêle bouilleur. Le poêle bouilleur et son kit de sécurité pourront être branchés directement au ballon solaire.
Nous encouragerons toujours à penser une rénovation d’habitat dans sa globalité et donc privilégier les apports solaires et l’isolation avant toute acquisition de systèmes de production d’énergie.
Samuel LE BERRE